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L'anorexie au quotidien et autres TCA

10 février 2014

Une ex obèse à poil

On a beau savoir qu'on fait un poids normal, le corps ne ment pas. 

Ce salaud me balance, à coup de peau qui pend et de peau d'orange. A coup de hanches trop larges.

Il est temps d'y remedier... Direction le charcutage pour que mon corps me ressemble enfin. Peu importe les cicatrices, ça disparaitre. Peu importe la douleur, j'ai toujours mal.

Sur le chemin de son cabinet, j'ai quelque chose dans le ventre pour une fois... Une boule. 

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9 septembre 2013

Tic tac, la faim grandit en toi pétasse

Elle m'obsède, s'intensifie à chaque claquement sec de l'horloge. Elle me fait me sentir vide, dans mon ventre et dans ma tête. Je remplie ce vide de films et de séries, de cours et de livres, de sport et de conversations téléphoniques, mais elle reste. On dirait une femme jalouse et envahissante, qui surveille que je ne pense qu'à elle, que je ne vive que par elle. 

Elle est partout. Elle me guette. Dans la cuisine, au coin de la rue, dans les soirées, et même dans mes rêves. Je rêve de tout ce que j'aimerais manger, et quand je me réveille je pleure d'angoisse d'avoir pu reprendre du poids, même en rêve. Alors, en sueur, je me précipite sur la balance, et je constate une perte encore et toujours assurée par cette meme faim permanente.

J´ai l'impression que c'est une punition à mon existence, où un défi lancé par l'univers. Serai-je à la hauteur de le surmonter? 

24 août 2013

Couple et anorexie

Sans étonnement, dans ce monde plein de critères de beauté, c'est maintenant que je maigris que je lui plais. Les disputes ont quasiment disparues, les câlins sont revenus en force au royaume des bisounours maigrichons, et il a envie de moi. Dans la rue nous parlons, les restaurants c'est reglé, je n'y vais plus. L'argent n'est plus un problème car avec un concombre par semaine il n'y a plus rien à dire. 

Je suis de plus en plus belle pour lui. Mais "il faut que tu fasses attention"... Il commence à réaliser que ce que j'ai est une maladie, notamment grace à mon psy qui m'aide à lui en parler. Il veille à ce que je ne descende pas en dessous d'un certain poids (saloperie de balance informatisée). J'aimerais qu'il prenne ma maladie au sérieux mais paradoxalement j'aimerais qu'il me laisse gérer mon poids comme je l'entends. Par moment il s'inquiète, surtout lorsque je tombe dans les pommes et qu'il me porte jusqu'à la chambre. Là il me force à manger un bombon qu'il garde toujours sous le coude pour ce genre de situation. La plupart du temps je refuse, car je n'ai pas perdu tout ce poids en mangeant des saloperies. Mais parfois il insiste et j'obéis, résignée mais aussi heureuse qu'il s'inquiète enfin de ma santé.

Je sais que c'est très égoïste, mais avec le recul je me rends compte l'anorexie a été le seul moyen que j'avais inconsciemment trouvé de faire en sorte que les gens s'occupent de moi de la manière dont j'en avais besoin. Ils ne l'avaient pas compris pour l'obésité, mais ils le comprennent pour la maigreur, et mon copain aussi.

16 juillet 2013

Couple et hyperphagie

Comme il fallait s'y attendre, la vie de couple et l'hyperphagie ne font pas bon ménage. Deja de par la prise de poids conséquente qu'elle implique. Le regard de l'autre sur nous qui change, son désir qui baisse de plus en plus jusqu'à atteindre le niveau zéro, son envie de câlins et de bisous mortes en même temps, et sa honte lorsqu'il se ballade avec nous dans la rue.  Il marchait devant moi, ne me donnait jamais la main, et ne me parlait pas. Il prétextait que je marchais trop lentement, ou que ses mains étaient pleines, ou qu'il n'avait rien à dire. Mais la honte se lisait dans ses yeux. Quand je ne rentrais pas dans les chaises avec accoudoirs, quand je commandais le double de qu'il mangeait au restaurant, quand les gens me regardaient moqueurs dans la rue.

Financièrement aussi ce fut difficile. Cette maladie requiert quand même beaucoup d'argent et il en payait les frais aussi. Cela avait engendré beaucoup de disputes sur l'argent que j'avalais. Et je mangeais toujours les repas de la semaine que nous avions prévus, donc doubles courses, voire même triples...

Cette obésité était aussi un appel au secours, mais c'est maintenant que je ne pèse plus rien que je m'en rends compte. L'ensemble de mes TCA sont des appels au secours, seulement les gens préfèrent se moquer des obèses et autres rondes et sauver les maigrichonnes. Mon copain faisait partie de ces gens pleins de préjugés. Mais c'était avant qu'il fallait me sauver!

11 juin 2013

Mon corps est un livre

A chaque fois que je pose un œil sur mon corps, j'y vois toutes les étapes marquantes de ma vie. Cette peau qui pend signifie mon laisser aller temporaire. Chaque piercing a une signification particulière, chaque tatouage aussi... Ainsi que chaque cicatrice sur mes avants bras. Ruptures, deuils, souffrances, chaque entaille et autres marques sont autant de signes de mon impuissance à réagir autrement, sont autant de signes de mon masochisme. 

La souffrance physique a toujours été un exutoire à ma souffrance psychologique. Partie de chez moi assez tôt, j'ai vécu une rupture temporaire mais douloureuse avec l'ensemble de ma famille. L'émancipation tant attendue n'était en fait qu'un parcours du combattant décidé à me faire atteindre un comportement suicidaire. Ce n'était pas la seule raison mais j'y reviendrai. 

Ces marques sont autant des défoulements que des appels à l'aide, j'en conviens maintenant. Si une personne posait un regard neutre et observateur sur moi, elle comprendrait tout de suite. Malheureusement pour moi, heureusement pour eux, mon entourage n'est ni neutre ni même observateur...

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2 mai 2013

Humiliation et prise de conscience familiale

Moi accompagnant ma famille faire les courses, le ventre vide depuis plusieurs jours. Dans ce supermarché à une heure tardive, je me traîne sur mes tous nouveaux talons qui peuvent désormais largement supporter mon poids et me faire dépenser plus de calories. Passage en caisse, vertiges. Impossible de me retenir à quoi que ce soit, je tombe dans les pommes.

Bien sur, ça m'était déjà arrivé, mais jamais en public, toujours dans l'intimité de mon appartement, avec mon copain pour seule aide médicale. 

J'ouvre les yeux, un agent de la sécurité me porte pour me déposer sur une chaise. Ma famille morte d'inquiétude, m'observe. Je crois que c'est à ce moment là qu'ils ont compris que j'étais vraiment dépassée. Non ma perte de poids n'est pas naturelle, je ne mange pas de manière équilibrée et je ne me fais pas vomir qu'une fois de temps en temps.

Non maman, je ne suis pas ballonnée à chaque repas que tu fais, non mon chéri, je ne suis pas malade à chaque fois que tu veux m'inviter au restaurant, non petite sœur chérie, si je ne te garde pas, c'est parce que je n'en ai plus la force physique malgré tout l'amour que j'ai pour toi.

Et là, en plus de l'humiliation de voir tous ces gens connus et inconnus poser leur jugement sur moi, la culpabilité ressort. Je me sens coupable de manger comme de ne pas manger, je ne m'en sors définitivement pas.

19 avril 2013

Le vide remplace le plein

Un jour, mon organisme, épuisé, a commencé à déclarer forfait. Je suis tombée malade très souvent. Des que j'avais le malheur de sortir, j'étais bonne pour une semaine de grippe, de gastro et autres enchantements de virus. J'ai donc commencé à me renfermer sur moi même en même temps que je ne m'alimentais plus. Je voyais que cette absence d'alimentation me faisait perdre le double de ce que je perdais avec les vomissements. Alors je me suis dis "un jour de jeûn par semaine, je perdrai plus vite".

Ce qui était sensé être un jour par semaine s'est changé en deux, puis trois, et sans m'en rendre compte (ou presque), je suis déjà rendue à 7j/7. J'ai dis "presque" parce que mon corps, lui, n'est pas débile. Il m'a fait sentir que j'y allais trop fort avec lui. Alors j'ai commencé les malaises, les insomnies encore plus fortes et pénibles, et l'isolement, toujours plus présent.

Mon ventre était vide quasiment tout le temps, et il l'est toujours. Mon corps puise dans mes desormais maigres réserves. Quand j'avais le malheur de manger, je me faisais vomir. Mais ce fut de plus en plus rare. Maintenant, je ne mange que des légumes nature minutieusement pesés pour ne pas dépasser ma ration de 200 calories quotidiennes. Je calcule tout, je le note scrupuleusement dans un carnet. Quand j'ai le malheur de craquer sur un petit biscuit, je me punis par les laxatifs ou l'utilisation abusive de l'attirail de sport que je me suis constitué. C'est une relation masochiste avec la nourriture et avec moi même. Une longue lutte contre les calories imaginaires que je rajoutais volontairement au compte "au cas où".

Parfois, la faim est si présente que les larmes coulent, je me demande alors "pourquoi?". Et l'autre voix me répond "parce que tu es toujours obèse". Et là ma rage remonte, je ravale ma faim et je continue mon combat fictif, avec pour seule nourriture ma détermination.

15 février 2013

Insidieusement mais sûrement

Au début c'était juste pour perdre du poids. Je me disais que je pourrais arrêter quand je voudrais. Que j'avais de la volonté, que je n'étais pas comme les autres, etc. Et je le pensais. D'un autre côté je le pense toujours. C'est ce qu'on appelle le déni. 

Parfois j'ai l'impression d'avoir deux personnalités en moi. L'une est lucide sur ma situation. Elle sait que ça ne peut pas continuer, elle sait que plus ça durera plus ce sera dur de s'en sortir, elle va voir un psy. Et l'autre, perfide araignée ayant tissé sa toile dans mon esprit, qui m'ordonne de continuer. Elle me dit que je suis toujours un gros tas, que je ne plairais jamais si je mange à nouveau, que mes proches vont m'abandonner si je ne maigris plus. Elle m'empêche d'avaler plus de 200 calories par jour, elle me force à faire du sport, elle m'a fait perdre plus de la moitié de mon poids en quelques mois. 

Les vomissements se sont enchainés à la vitesse de la lumière, passant de quelques fois par mois à tous les soirs, puis plusieurs fois par jour. Le matin je ne mangeais rien, le midi non plus, et le soir je dînais en tête a tête avec mon copain. Des choses grasses, copieusement. Plus j'étais pleine et mieux c'était. Je pouvais manger plusieurs assiettes de tout, puis un bon dessert, même du fromage, pain, tout ce qui me tombait sous la main. Puis toujours le même rituel, j'allais vomir juste après. Il ne disait rien, content que je perde du poids. Je maintenais que je pouvais m'arrêter quand je voulais, il était rassuré.

A ce moment là, personne, ni même moi, ne se doutait que la maladie était en train de s'installer en moi.

5 janvier 2013

La nuit, mon ennemie

Je ne dors pas la nuit. Pour moi elle est comme la mort. Il fallait donc que je me trouve des occupations. Depuis mon adolescence, je grignote la nuit. Bien sur, j'ai toujours été ronde. Mais je suis tombee en obésité morbide à mes 19 ans. Si jeune et déjà énorme. Ça gâche une vie. 

je suis tombée dans bien des excès, mais la nourriture a toujours été le centre de mon attention. Et la nuit c'est le pire. Devant une série, je craquais sur un paquet de n'importe quoi, pourvu que ce soit gras. Les légumes? Je les haïssais. Fades, tristes, et décidément pas glamour. Résultat plutôt évident, je grossissais. Mais je ne l'ai pas remarqué.

Nuit après nuit après nuit, le même rituel, manger. Tout. Je dépensais des sommes folles de nourriture pour satisfaire ce besoin nocturne, cette envie de manger, aussi brutale qu'une envie de drogue. Mes crises de manque quand je n'étais pas satisfaite? Mal de ventre, très mauvaise humeur, insomnies encore plus brutales, la liste est longue. Ça a détruit mon corps, ma santé et ma vie, tout autant que ce que je vis maintenant...

17 décembre 2012

La nouvelle moi est née le ventre vide

Elle est une source d'angoisse et d'apaisement. Mon ennemie et mon amie. Ma raison de vivre, ma raison de mourir. Elle me manque tellement. J'ai vécu tant de bons moments avec elle. Les pires moments de ma vie. La nourriture... Insidieusement, elle s'est glissée en moi pour ne jamais ressortir.

Jusqu'à ce fameux moment où j'ai eu le malheur de me peser. Le verdict de la balance était implacable. Froide, sans cœur, elle m'annonce ce nombre à trois chiffres tout en m'annonçant une mort prématurée, l'abandon de mon copain, le dédain de ma famille. C'est là où une nouvelle moi est née. Devant cette balance, nue, je me suis dis "plus jamais". 

Certes j'avais fais beaucoup de régimes avant. Ces merdes emballées dans un papier cadeau imprimé "miracle". 98% d'échec, c'était mon cas. Mais cette fois, c'était différent, je me le suis juré. Ce n'était plus une question de régime. C'était une mission de sauvetage.

Et j'ai commencé à vomir le soir même...

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